Présentation du dauphin
Photos de dauphins
Animaux
sociables, ces mammifères aquatiques de l'ordre des cétacés jouissent depuis
l'Antiquité d'une grande popularité auprès des hommes. Sujets de nombreux
mythes et récits, ils sont à la fois l'objet de recherches scientifiques sur
leur capacités à détecter des objets et des obstacles, et les vedettes de
multiples parcs d'attractions.
La
classification des dauphins
Le
terme générique «dauphins» qualifie deux familles distinctes: celle des
dauphins vivant en eau douce, les platanistidés, et celle des dauphins «vrais»
vivant en mer, les delphinidés, dont le représentant le plus étudié est
Tursiops truncatus, le dauphin souffleur. Les dauphins sont classés dans le
sous-ordre des odontocètes (cétacés à dents) avec les marsouins (famille des
phocnidés), les cachalots (famille des physétéridés), les narvals et les bélugas
(famille des monodontidés ou delphinaptéridés), et d'autres espèces
composants la famille des ziphiidés.
Les
dauphins sont parfois confondus avec les marsouins, dont ils se distinguent
pourtant par la présence d'un bec (rostre) plus allongé, par une taille
nettement supérieure - qui atteint au maximum 2 m chez les marsouins, 9 m
chez l'orque, géante des delphinidés -, mais aussi par un corps profilé et
hydrodynamique.
La
biologie des dauphins
Les
dauphins présentent des caractères morphologiques communs à tous les odontocètes:
le derme est si mince qu'il ne peut servir à fabriquer du cuir, sauf chez
certains dauphins fluviatiles. Les variations de couleur de ce derme sont dues
à
la présence, en plus ou moins forte concentration, d'un pigment noir, la mélanine.
La
texture très particulière de la peau des dauphins empêche la création de
tourbillons dans les courants d'eau qu'ils traversent. Ainsi, la résistance du
milieu liquide est minimale et le dauphin, progressant par flux laminaire, peut
atteindre la vitesse considérable de 45 km/h, quand il suit un bateau par
exemple. Au cours de la nage, les odontocètes respirent par les narines réunies
en un orifice commun, ou évent, situé au-dessus de la tête.
La
denture des odontocètes ne permet pas la mastication, mais les dents coniques -
dont le nombre varie énormément: de 260 chez le dauphin à 2 chez le narval -
assurent une saisie définitive de la proie. Les dauphins, carnivores, se
nourrissent de poissons et parfois de crustacés. Seul l'orque épaulard (Orcinus
orca) fait preuve d'un appétit démesuré: il dévore entiers manchots,
marsouins et phoques en très grandes quantités.
Le
rythme cardiaque est assez lent: celui du souffleur, qui atteint 110 battements
par minute en surface, ralentit à 50 battements lors de la plongée. Par
ailleurs, le temps de plongée, en moyenne de 3 min, peut se prolonger
jusqu'à 15 min.
L'aspect
du système nerveux central donne à penser que le dauphin fait partie des espèces
animales les plus intelligentes, avec le marsouin. Très développé, avec de
nombreuses et complexes circonvolutions, le cerveau des odontocètes présente
des aires visuelles et des centres olfactifs réduits, alors que les centres
acoustiques sont très volumineux. Le fait est que beaucoup d'espèces sont
quasi, voire totalement, aveugles; les autres sont, comme tous les cétacés,
frappées de myopie à l'air libre. Étant dépourvus d'odorat, les dauphins se
dirigent et «voient» les paysages marins qu'ils traversent grâce à un système
d'écholocation analogue à celui de la chauve-souris.
La
vie en groupe chez les dauphins
Une
étape du développement embryonnaire témoigne de l'existence d'ancêtres
communs avec les mammifères quadrupèdes: l'apparition temporaire, sur
l'embryon long de 20 mm, de deux bourgeons de membres postérieurs,
arrondis à leur extrémité, semblables à ceux des mammifères. La gestation
est de 12 mois chez Tursiops. À la naissance, le petit est porté par sa mère
jusqu'à la surface de l'eau pour respirer son premier bol d'air.
L'allaitement,
d'une durée de un an en moyenne, a été particulièrement étudié chez le
souffleur élevé en aquarium. Il a lieu dans l'eau grâce à la contraction de
muscles situés dans la mamelle, qui éjecte le lait, épargnant au jeune tout
effort. Chez cette espèce, les tétées ne durent que quelques secondes mais
sont souvent répétées.
Les
dauphins, qui ont des moeurs grégaires, ont été observés en groupes de 4 à
10 000 individus. Les rassemblements importants sont dus à la présence de
nourriture abondante (bancs de poissons). Les individus qui adoptent un
comportement anormal en vivant seuls ont été séparés du groupe, soit par des
chasseurs, soit en raison d'une anomalie physique ou pathologique.
Les
moyens de communication entre dauphins Cri du dauphin
Le
mode de communication des dauphins consiste, d'après les résultats des
recherches menées jusqu'à maintenant, en l'émission de sons particuliers,
dont les modulations s'enrichissent au cours de leur vie. Le système phonatoire
semble être constitué par les plis du larynx et sans doute par d'autres
organes agissant comme des lames vibrantes.
Des
trois sortes de sons (cliquetis, éclats et tons purs), seul le «click» sert
à l'écholocation: émis à haute fréquence, les sons sont réfléchis par les
obstacles (poissons, filets à petites mailles, rochers) et «récupérés» par
le système auditif, extrêmement précis. Leur ouïe, très fine, perçoit en
effet des sons de fréquence allant de 0,075 à 150 kHz chez le souffleur,
de 1 à 105 kHz chez le boutou et jusqu'à 280 kHz chez le dauphin
commun.
Loin
d'être considérés comme des animaux sacrés, voire des êtres intelligents,
des millions de delphinidés succombent de par le monde dans de véritables
tueries organisées ou involontaires. En Australie, pendant que des dauphins
jouent près des plages avec les baigneurs, d'autres, au large, se font tuer par
des pêcheurs qui convoitent leurs nageoires.
Au
Japon, des milliers de dauphins (toutes espèces confondues: grand dauphin,
dauphin bleu et blanc, fausse orque, globicéphale) sont piégés parce qu'ils
font concurrence à l'homme dans la capture du stock de poissons disponible.
Chaque été, on recense près de 1 500 globicéphales noirs traditionnellement
tués aux îles Féroé.
|
|
En
plus des massacres, plusieurs milliers de dauphins, pris accidentellement dans
les filets, meurent noyés. La pêche au thon à la seine est peut-être la plus
meurtrière, puisque les thoniers chassent délibérément les dauphins qui,
habiles détecteurs de nourriture, sont suivis par les thons. Une estimation
avance le nombre de 6,5 millions d'individus étouffés ou écrasés en
trente ans. Ces animaux sont tués sur le coup, découpés ou éventrés, puis
rejetés par-dessus bord. L'exploitation des ressources marines s'accroissant,
l'avenir des dauphins et des autres mammifères marins - mais aussi celui des
poissons - est fortement compromis.
Les
recherches sur les dauphins
Depuis
les années 1940, les scientifiques, puis les militaires se sont intéressés
aux comportements des dauphins. Ces mammifères s'élevant avec succès en
captivité, leur dressage étant d'une grande facilité, les océanoriums se
sont multipliés, d'abord aux États-Unis puis dans les autres pays du monde. Le
principe du sonar (système de communication acoustique et de reconnaissance des
obstacles) des dauphins a ainsi été en grande partie élucidé. Toutefois, le
comportement des dauphins captifs ne reflétera jamais fidèlement celui des
dauphins libres.
Dans les années 1960, les gouvernements de certaines grandes puissances, notamment ceux des États-Unis et de l'URSS, ont étudié les possibilités de coopération militaire entre l'homme et les dauphins: apporter des instruments ou des outils à des plongeurs, répondre à des signaux sonores, secourir un plongeur en difficulté, apprendre à se diriger vers les sous-marins, détecter différents métaux. Les
K-Dog et sa caméra attaché à l'aileron
gouvernements des pays expérimentateurs ont gardé le plus grand
secret sur leurs recherches, mais il est fort probable que les scientifiques
voulaient vérifier si ces cétacés pouvaient identifier des métaux et éventuellement
repérer des objets du type torpille, mine ou bombe.
Des
dauphins et des hommes
Depuis
l'Antiquité, les dauphins sont intégrés dans les récits mythologiques, les
contes et les légendes. Dans l'histoire de la Grèce antique, le sauvetage du
poète Arion est le récit le plus connu: embarqué sur un navire pour rejoindre
Corinthe, il fut attaqué par l'équipage et demanda à ses agresseurs la grâce
de chanter une dernière fois avant d'être jeté par-dessus bord. Attirés par
ses chants, des dauphins le secoururent et le portèrent au cap Ténare. En
souvenir de cette aventure, Apollon plaça parmi les astres la constellation de
la Lyre et celle du Dauphin (dix-huit étoiles visibles dans l'hémisphère boréal).
Les
dauphins étaient également les messagers des dieux: Poséidon, dieu de la Mer,
aurait envoyé ses «enfants», les dauphins, chercher Amphitrite afin de l'épouser.
De nombreux autres récits, contes ou légendes rapportés par Aristote, Hérodote
ou Pline font état des relations amicales entre les dauphins et les hommes.
Les
sauvetages de baigneurs et de marins par les dauphins sont nombreux: les nageurs
imprudents, ou égarés par les courants marins, sont ramenés sur la plage, et
parfois même défendus contre des requins affamés. Le cas d'une otarie sauvée
de l'attaque de squales est aussi cité. Les autorités de certains pays
envisagent même d'utiliser les delphinidés pour patrouiller le long des plages
afin de déloger ces poissons indésirables. Le grand requin blanc ou le requin
tigre restent toutefois des prédateurs efficaces de ces cétacés, dont la grégarité
est certainement la meilleure parade.
Aujourd'hui
encore, des dauphins sauvages se familiarisent avec le monde des humains et
cohabitent avec eux: en Australie, un troupeau de grands dauphins vient chaque
jour à Monkey Mia (Shark Bay) se faire caresser par les baigneurs; un dauphin
de Risso, Grampus griseus (environ 3 m pour 350 kg), escorta jour après
jour durant vingt-quatre années (1888-1912) les navires qui reliaient les deux
principales îles de la Nouvelle-Zélande; d'autres individus s'associent aux pêcheurs
pour encercler des bancs de poissons.